A l’occasion du sommet Afrique-France le 8 octobre 2021 à Montpellier, le Mouvement Laudato Si, le CCFD-Terre Solidaire et une dizaine de personnalités catholiques et laïques ont publié une tribune dans le journal français Le Monde. 

Ils demandent au gouvernement français de cesser d’encourager les projets climaticides que TotalEnergies veut lancer en Afrique (Ouganda-Tanzanie et Mozambique). Ils appellent la France à s’engager auprès des sociétés africaines pour les soutenir dans la voie de la transition écologique.

Vous pouvez marquer votre soutien en signant cette tribune vous-mêmes en bas de cette page. Vous pouvez également faire encore plus en proposant de relayer notre action localement. Merci d’avance !

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TRIBUNE
(parue dans Le Monde du 08/10/2021)

Alors que s’ouvre à Montpellier le Sommet Afrique-France, et que l’urgence de réduire drastiquement l’extraction des énergies fossiles se fait chaque jour plus pressante, il est temps que la France cesse d’encourager les projets climaticides que TotalEnergies veut lancer en Afrique.

Le Président de la République Emmanuel Macron annonçait sur Twitter à propos de la dernière évaluation des Nations Unies : « +2,7°C à horizon 2100. Ce scénario est dramatique ». Il n’y a pas de fatalité, ce scénario dépend avant tout des décisions qui seront prises dans les semaines et les mois à venir. Or, la France s’apprête à entériner de nouvelles extractions fossiles qui, elles, vont s’avérer réellement dramatiques. En effet, en Ouganda et au Mozambique, TotalEnergies est en passe de faire exploser deux « bombes climatiques » avec le soutien actif de nos institutions et de notre appareil diplomatique.

En Ouganda, ce sont 400 puits de pétrole et un oléoduc de 1443 km de long que TotalEnergies souhaite construire jusqu’à la côte tanzanienne, afin d’exploiter des réserves pétrolières (générant 34 millions de tonnes de Co2) au sein d’un parc naturel protégé et sur les rives du lac Albert, à la source du Nil. Au Mozambique, la mise en exploitation des 9èmes plus grandes réserves gazières du monde émettra autant que sept années d’émissions de gaz à effet de serre de la France.

Alors que l’Agence Internationale de l’Énergie enjoint désormais de cesser tout nouveau projet d’extraction d’énergie fossile pour espérer maintenir le réchauffement sous la barre des 1,5°C décidée par l’Accord de Paris, l’envergure de ces nouveaux projets dépasse l’entendement : plus de 11 milliards de dollars d’investissement en Ouganda et en Tanzanie, 24 milliards de dollars au Mozambique.

Malgré ses déclarations vertueuses, l’Elysée a envoyé, en mai dernier, une lettre au président ougandais pour lui affirmer son soutien au projet pétrolier de TotalEnergies, alors même qu’un recours en justice avait été déposé par six ONG françaises et ougandaises au titre de la loi sur le devoir de vigilance en raison des multiples violations des droits humains et des dommages environnementaux qu’implique ce projet.

Selon un rapport de l’ONG les Amis de la Terre, le gouvernement français a également accentué ses efforts diplomatiques et économiques au Mozambique pour y défendre les intérêts de TotalEnergies (visites diplomatiques, financements publics, missions d’affaires, coopération militaire…), engageant de facto la France, et l’ensemble de nos concitoyens, dans cette aventure climaticide.

A quelques semaines de la COP26 à Glasgow, le gouvernement français et notre diplomatie s’emploient donc à saboter notre avenir à tous.

La France ne pourra pas lutter contre le dérèglement climatique si son président, tel Janus, offre deux visages opposés : héraut du climat sur la scène internationale et façonnier du « business as usual » sur le terrain.

Dans son encyclique Laudato Si’, le Pape François a des mots très fermes contre l’attentisme des Etats qui ne font que retarder la catastrophe : « Il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier […]. Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu l’effondrement ». (LS 194) Nous devons rechercher des alternatives aux énergies fossiles, aujourd’hui et non dans le futur. Et les mettre en œuvre maintenant. Sans attendre. En levant tout soutien public aux projets climaticides.

Emmanuel Macron a affirmé que le Sommet Afrique-France permettra de « refonder les relations entre la France et l’Afrique ». Nous appelons la France à s’engager auprès des sociétés africaines pour les soutenir dans la voie de la transition écologique. Ne ratons pas ce rendez-vous !

Signataires:

Guy Aurenche, avocat honoraire, défenseur des droits humains

Monique Baujard, présidente des Amis de La Vie

Dominique Bourg, philosophe, professeur des universités honoraire, directeur de la revue La Pensée Ecologique

Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente, CCFD-Terre Solidaire

William Clapier, auteur et théologien

François Euvé, rédacteur en chef d’Etudes

Elisabeth Flichy Saint-Bonnet, Chrétiens Unis pour la Terre

Benoit Halgand, étudiant mobilisé contre le projet TotalEnergies à polytechnique, engagé chez Pour un réveil écologique

Pierre Larrouturou, député européen

Elena Lasida, économiste

Laura Morosini, Mouvement Laudato Si’

Marcel Rémond, jésuite, directeur du Ceras

Michel Roy, secrétaire général de Justice et Paix

Nous vous remercions vivement de votre soutien pour empêcher les projets climaticides que TotalEnergies veut lancer en Afrique et pour appuyer les sociétés africaines dans la voie de la transition écologique.

En attendant d’être tenu(e) au courant des suites de cette tribune, vous pouvez en savoir plus sur ces projets climaticides de TotalEnergies et leurs nombreux impacts sociaux et environnementaux auprès de notre site web et celui de nos partenaires :