Déclaré au webinaire Foi et Futur : favoriser l’intendance environnementale grâce au Traité de non-prolifération des combustibles fossiles Webinaire, 12 octobre 2023

En tant que communautés catholiques en Afrique, nous demandons aux dirigeants de la 28e Conférence des parties (COP 28) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de reconnaître leur obligation morale et de s’engager à agir de façon ambitieuse pour protéger Notre Maison Commune et les plus vulnérables.

Comme cela a été souligné dans la Déclaration de Nairobi des chefs religieux africains, le continent possède à la fois le potentiel et l’ambition pour être un élément vital de la solution mondiale au changement climatique. C’est le foyer de la main-d’œuvre la plus jeune et qui grandit le plus rapidement du monde, couplé à un énorme potentiel d’énergie renouvelable inexploitée, à d’abondants atouts naturels et à un esprit entrepreneurial, notre continent a les fondamentaux pour inventer un chemin bénéfique pour le climat comme plateforme industrielle compétitive et prospère avec la capacité d’aider les autres régions à réaliser leurs mesures de réduction et d’adaptation au changement climatique.

L’Afrique vit un changement climatique exacerbé et des impacts sur la biodiversité avec la santé et la sécurité déjà en danger à cause des conditions météorologiques extrêmes, la montée du niveau de la mer et d’autres défis provoqués par le changement climatique. Il est évident, comme il a été nettement déclaré dans le 6e rapport d’évaluation (AR6) du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), que le monde n’est pas sur la voie du respect de la limite de 1,5 °C convenue à Paris et que les émissions mondiales doivent être réduites de 45 % dans la décennie.

Nous accueillons et célébrons la récente exhortation apostolique du pape François, Laudate Deum, qui illustre les problèmes sociaux mondiaux du changement climatique et rappelle la triste réalité des impacts du changement climatique. Comme le fait remarquer le pape : « Il n’est pas possible de dissimuler la coïncidence entre ces phénomènes climatiques mondiaux et la croissance accélérée des émissions de gaz à effet de serre. » (LD, no 13)

Le pape François nous exhorte ensuite : « Nous devons cesser de sembler être conscients du problème, mais n’ayant pas, dans le même temps, le courage de faire des changements substantiels. Nous savons qu’à ce rythme nous dépasserons dans quelques années seulement la limite souhaitable de 1,5 °C et que nous pourrions atteindre en peu de temps 3 °C, avec le haut risque d’atteindre un point critique. Même si nous n’arrivons pas à ce point de non-retour, il est certain que les conséquences seraient désastreuses et que des mesures devraient être prises hâtivement, avec des coûts énormes et des conséquences économiques et sociales extrêmement graves et intolérables. Si les mesures que nous prenons maintenant ont des coûts, ceux-ci seront beaucoup plus lourds si nous attendons encore plus longtemps. » (LD no 56)

Conformément au thème de la COP 28 : santé, guérison et paix, nous appelons les dirigeants à s’assurer qu’ils écoutent la détresse de la Terre et des plus vulnérables en supprimant les combustibles fossiles et en adoptant le Traité de non-prolifération des combustibles fossiles. Nous les appelons à s’attaquer à la fois au changement climatique et à la perte de biodiversité, car ils sont inextricablement liés. La biodiversité s’effondre devant nos yeux, avec des conséquences désastreuses pour nous tous et pour les générations futures. Nous devons protéger l’Afrique et les droits des peuples autochtones, en particulier, doivent être promus, car ils sont les meilleurs gardiens de notre maison commune.

Il nous faut nous rappeler que les politiques économiques doivent donner la priorité aux efforts pour accélérer la réduction des émissions grâce à une transition juste et mettre en œuvre les fonds pour les pertes et dommages afin de nous assurer qu’ils sont alignés avec l’objectif osé de limiter la montée des températures mondiales à 1,5 °C.

Le pape François nous invite à le rejoindre dans « ce chemin de réconciliation avec le monde qui nous accueille, et à l’embellir de sa contribution, car cet engagement concerne la dignité personnelle et les grandes valeurs. » Il nous exhorte également à « être sincère et reconnaître que les solutions les plus efficaces ne viendront pas seulement d’efforts individuels, mais avant tout des grandes décisions de politique nationale et internationale. » (LD no 69)

Que Dieu bénisse les délibérations et qu’elles soient ambitieusement fructueuses.

Frère Jean Germain RAJOELISON

Secrétaire général adjoint de la SCEAM et coordinateur de la SCEAM Justice, paix et développement