Le Mouvement Laudato Si’ est gravement préoccupé par la récente approbation du projet d’Oléoduc Est Africain (EACOP) par la Conférence Episcopale de Tanzanie dans une vidéo publiée sur le site web et la chaîne YouTube de la conférence.

L’Oléoduc Est Africain (EACOP) est un projet d’oléoduc qui transporterait le pétrole brut des champs pétrolifères ougandais vers le port tanzanien de Tanga. L’EACOP contribuerait de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre et exacerberait la crise climatique. Dans un récent message à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, le pape François a souligné l’importance d’adhérer  aux engagements énoncés dans l’Accord de Paris pour atténuer le réchauffement climatique.

Le pape François a estimé qu’il était absurde de permettre la poursuite de l’exploration et de l’expansion des infrastructures de combustibles fossiles. Il a exhorté chacun à s’élever contre ces décisions injustes,  étant donné en particulier l’impact sur les personnes les plus vulnérables et les générations futures, qui subiront de plein fouet les effets néfastes du changement climatique. Le pape a appelé les personnes de bonne volonté à aligner leurs actions sur ces principes concernant la société et la nature.

Le dernier rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indique que le monde doit réduire d’urgence ses émissions pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels et prévenir les effets les plus catastrophiques du changement climatique.

En outre, selon le rapport de l’audition publique sur l’évaluation de l’impact environnemental et social (ESIA) du projet EACOP, le projet EACOP présente des risques environnementaux et sociaux importants. L’oléoduc devrait traverser des écosystèmes et des habitats fauniques sensibles, tels que le bassin du lac Victoria, les chutes de Murchison et les plaines du Serengeti, et pourrait entraîner une pollution de l’eau et une dégradation de la biodiversité. Le projet pourrait également déplacer les communautés locales, menacer leurs moyens de subsistance et violer les droits de l’Homme.

La récente visite du pape François en République démocratique du Congo a mis l’accent sur la nécessité d’une solidarité mondiale pour éliminer progressivement les combustibles fossiles et passer aux énergies renouvelables. Cette transition est essentielle pour faire face à la crise climatique et à ses répercussions sur les communautés vulnérables qui souffrent déjà des conséquences des phénomènes météorologiques extrêmes, de l’élévation du niveau de la mer et de l’insécurité alimentaire.

« J’exprime toute ma solidarité envers mes frères et sœurs Catholiques, engagés pour l’environnement à travers le monde, qui ont à coeur les enseignements de Laudato Si’ et s’efforcent de mettre en œuvre des pratiques durables au sein de leurs communautés locales. Ensemble, appelons humblement nos évêques à revoir leur position sur le projet EACOP et à se livrer de manière significative à un dialogue et à un discernement qui prennent en compte l’impératif de protéger notre planète pour les générations actuelles et futures », déclare John Hillary, responsable du  chapitre du Mouvement Laudato Si’ en Ouganda et activiste de STOP EACOP.

« En tant qu’activiste pour le climat, je suis choqué par cette déclaration de la CET à propos de l’EACOP. Les évêques de la CET sont convaincus par de fausses solutions et ils doivent regarder le revers de la médaille. Le projet dépeint une image de bon développement économique alors que la réalité, c’est la destruction de l’environnement. 80 % de cet oléoduc passe par la Tanzanie et entraînera de nombreuses émissions de gaz à effet de serre et polluera potentiellement plus de 200 rivières. Cet oléoduc chauffé nuira à l’environnement », déclare Rehema Peter, fondatrice de l’organisation Tanzanian Partnership for Green Future et animatrice Laudato Si’.

« La CET est une institution respectueuse et importante, elle est la voix de l’Eglise Catholique en Tanzanie. Elle a également accueilli la plénière de l’AMECEA l’année dernière et a décidé de mettre en œuvre Laudato Si’ » ajoute-t-elle. « Je les invite à réexaminer de manière indépendante la question de l’EACOP en tenant compte de la science et de la recherche tout en la comparant à Laudato Si’, qui est un message adressé au monde entier ».

Les preuves scientifiques sont claires : les nations doivent éliminer progressivement les combustibles fossiles pour éviter un changement climatique catastrophique. Selon le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement intitulé « Faire la paix avec la nature », le monde doit parvenir à des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles d’ici à 2050 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C et protéger les écosystèmes et la biodiversité de la planète. L’EACOP devrait produire plus de 379 millions de tonnes de CO2, selon une étude de Banktrack, et serait incompatible avec l’Accord de Paris.

Cécile Ljote de France dit d’ailleurs à ce sujet « Oui, vraiment, je me sens profondément inquiète, en tant que citoyenne du monde, et animatrice LS, de la mise en œuvre du projet Eacop. Comment est-il possible que les évêques de Tanzanie ne partagent pas cette inquiétude ? Eacop est incompatible avec les accords de Paris, signés par ce pays, et qui visent la neutralité carbone en 2050, pour freiner le réchauffement climatique ? »

Lors de la session plénière de l’AMECEA qui s’est tenue à Dar Es Salaam, un engagement a été pris de poursuivre le rétablissement de la « justice économique » et de l’« équité ».

Cela commencera par la promotion de sources d’énergie alternatives telles que l’énergie solaire et éolienne. Les évêques de l’AMECEA ont réaffirmé leur volonté de coopérer avec diverses institutions, ONG et communautés religieuses dans le cadre d’initiatives de préservation de l’environnement. Ils se sont également engagés à mener une vaste « campagne de sensibilisation » au niveau local afin d’améliorer la communication et de sensibiliser les individus à ces questions.

À la lumière de ces préoccupations, nous demandons instamment aux évêques de reconsidérer leur soutien au projet EACOP et de plaider en faveur d’une transition juste qui s’éloigne des combustibles fossiles. Cette transition nécessite d’investir dans les énergies renouvelables et de créer des emplois verts qui soutiennent les communautés locales et protègent l’environnement. 

Dans son encyclique Laudato Si, le pape François indique que nous devons commencer par cesser d’investir dans les énergies fossiles et réorienter nos ressources pour investir dans les énergies durables [LS 26]. Il est temps que l’Église Catholique prenne des mesures fortes pour un avenir  durable pour tous.

Mouvement Laudato Si’ Afrique.
Nairobi, Kenya

Contacts:

Prince Papa
Directeur des programmes
[email protected]

Ashley Kitisya
Militante Zéro Fossile pour l’Afrique
[email protected]