Face à la crise climatique, il est urgent d’agir. “Nous avons beau essayer de les nier, de les cacher, de les dissimuler ou de les relativiser, les signes du changement climatique sont là, toujours plus évidents. Nul ne peut ignorer que nous avons assisté ces dernières années à des phénomènes extrêmes, à de fréquentes périodes de chaleur inhabituelle, à des sécheresses et à d’autres gémissements de la terre qui ne sont que quelques-unes des expressions tangibles d’une maladie silencieuse qui nous affecte tous.” (LD 5).
Les origines de cette crise sont claires : l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, et en premier lieu celle due à l’utilisation de combustibles fossiles. Les scientifiques sont unanimes pour appeler à sortir de l’ère des combustibles fossiles.
Selon le dernier volet du 6ème rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), nous n’avons que quelques années pour éviter le pire des impacts liés au dérèglement climatique. Les émissions mondiales doivent atteindre un pic au plus tard en 2025 pour que le réchauffement de la planète reste inférieur à 1,5 °C, puis diminuer de 43 % d’ici 2030 et de 84 % d’ici 2050.
Leur message est largement relayé par les responsables religieux.
Nous savons que la technologie reposant sur les combustibles fossiles très polluants – surtout le charbon, mais aussi le pétrole et, dans une moindre mesure, le gaz – a besoin d’être remplacée, progressivement et sans retard. (LS 165).
Il faut sortir de l’ère des fossiles, mais comment ?
La sortie des énergies fossiles est complexe, tant notre activité économique et nos modes de vie y sont liés. Mais ce n’est pas impossible : depuis des années, des think tanks et des associations décrivent les moyens qui permettent de faire cette transition, tout en ne laissant personne de côté. Nous avions pu le découvrir en décembre 2023, lors d’un webinaire avec l’institut Négawatt et le Secours Catholique que vous pouvez revoir ici.
La sortie des fossiles doit s’envisager de manière globale. Elle passe par un changement de nos modes de vie, soutenus par des politiques publiques et l’action d’hommes et de femmes de bonne volonté. C’est pour cela que nous interpellons aussi les gouvernements par l’appel à signer un Traité de Non-Prolifération des Combustibles Fossiles, que nous appelons à la mise en place d’une sobriété énergétique bien pensée, et que nous soutenons des actions de sensibilisation sur le terrain menées par les animateurs Laudato Si’ et de nombreuses organisations chrétiennes.
Mais c’est sans doute aux entreprises exploitant les énergies fossiles que la transition demande le changement le plus important. C’est pourquoi nous interpellons les entreprises du secteur des combustibles fossiles pour les appeler à entamer le changement radical et résolu qui est nécessaire. En France, cette interpellation s’adresse à l’entreprise TotalEnergies. Dans d’autres pays, des actions similaires existent vis-à-vis de leurs entreprises nationales.
Ces entreprises ont les moyens humains et financiers de soutenir la transition énergétique, mais il leur est difficile de les mettre en œuvre sans remettre en question la logique qui les gouverne.
Le Pape François le souligne : les intérêts économiques immédiats ne favorisent pas des actions qui visent le long terme et le bien commun. “La crise climatique n’est pas vraiment un sujet d’intérêt pour les grandes puissances économiques, soucieuses du plus grand profit au moindre coût et dans les plus brefs délais possibles.” (LD 13) C’est pour cela que nous unissons nos voix pour interpeller TotalEnergies aujourd’hui.
Lorsque TotalEnergies se projette sur le plus long terme, ses investissements sont toujours prévus pour financer très majoritairement l’extraction de combustibles fossiles. Les entreprises fossiles doivent-elles continuer de creuser de nouveaux puits qui seront exploités pendant des dizaines d’années, de miser sur un modèle économique qui repose essentiellement sur la vente de combustibles fossiles ?
C’est tout un système qu’il faut changer – en tant que chrétiens, notre rôle est de rappeler que “nous savons que les choses peuvent changer”. (LS13).
Notre interpellation peut réellement avoir un impact. Et elle est aussi une manière de faire entendre les voix de ceux qui n’ont pas les moyens de se faire entendre, comme les personnes touchées par les projets d’extraction de Total en Afrique, que nous rencontrons dans leurs villages, leurs paroisses, dans cette communauté mondiale qu’est le Mouvement Laudato Si’. Une manière de dénoncer “la violence qu’il y a dans le cœur humain blessé par le péché [qui] se manifeste aussi à travers les symptômes de maladie que nous observons dans le sol, dans l’eau, dans l’air et dans les êtres vivants” (LS2)
Que pouvons-nous faire, à notre niveau ?
Tout d’abord, nous informer, comprendre. C’était le but du webinaire Ensemble pour changer Total que vous pouvez voir ou revoir ici. Louis-Maxence Delaporte (Reclaim Finance) nous y a présenté de manière claire où en est Total aujourd’hui de ses investissements dans les fossiles et de ses projets d’extraction. Pierre-Louis Choquet, sociologue et chercheur, a répondu avec pertinence à toutes les questions suscitées par cette pétition, éclairant en quoi consiste notre rôle de chrétien. Steeven Kezamutima (Mouvement Laudato Si’) a partagé les témoignages des personnes qu’il a rencontrées en Ouganda et Tanzanie et qui sont touchées par le projet d’oléoduc EACOP, nous faisons bien comprendre l’inégalité des rapports de force qui se jouent là-bas. Cécile, qui participait à la prière au pied de la tour TotalEnergies le 12 novembre, a pu nous raconter comment la prière et le dialogue permettent de construire une action qui n’est pas contre les personnes qui travaillent au sein de Total, mais avec eux pour un changement qui nous concerne tous.
Vous pouvez consulter le site internet de la pétition Ensemble pour changer Total pour trouver les réponses à vos questions et les outils pour faire connaître cette action et découvrir les ressources du webinaire.
Nous croyons à l’impact d’un discours de vérité, qui ose nommer les problèmes dans toute leur complexité tout en invitant au changement. Nous voulons construire un vrai dialogue qui fait progresser chacun et construit de vraies solutions.
Vous pouvez nous soutenir par votre prière – et c’est très important – avec le texte que vous trouverez ici.
Vous pouvez aussi signer la pétition, inviter vos proches à la signer en expliquant ce qui fait la singularité de notre démarche : à la fois interpeller et être dans la bienveillance, croire en la capacité à changer tout en étant toujours dans la vérité.
Cette pétition met le doigt sur ce qui est peut-être le plus difficile dans la sortie d’un modèle qui blesse les êtres humains et la Création.
Signer une pétition peut sembler un geste trop petit par rapport à la crise à laquelle nous sommes confrontés – mais c’est ainsi que nous unissons nos voix pour exercer la “saine pression” (LD58) dont nous avons besoin pour faire réellement changer les choses.