Quel est le rapport entre votre banque et la crise climatique ? Bien sûr, il y a ce que vous faites de votre argent (que votre banque garde au chaud), mais il y a autre chose : il est fort possible que votre banque finance l’industrie des énergies fossiles, qui elle-même n’a pas prévu de limiter la crise climatique. On vous explique.

5 500 milliards de $ ! Depuis l’adoption de l’accord de Paris, qui prévoit de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, les plus grosses banques du monde ont prêté tout cet argent pour investir dans les exploitations d’énergies fossiles : charbon, gaz, pétrole. Depuis plusieurs années, un ensemble d’ONG publie le triste palmarès des banques qui financent le plus ce « chaos climatique » en cours d’installation. 

Les chiffres pour 2022 ne sont pas plus encourageants que les années précédentes : les plus gros groupes bancaires ont versé 673 milliards de $ sur les comptes d’entreprises exploitant des fossiles. C’est légèrement moins que les années précédentes, mais durant cette même année, les entreprises fossiles ont fait des profits records avec les prix élevés de l’énergie : 4 000 milliards de $.

A quoi sert cet argent ? L’argent prêté par les banques aux entreprises fossiles leur permet d’investir  dans des infrastructures d’extraction fossile, pour plus et mieux extraire des combustibles fossiles. Extraire et transformer ces combustibles, cela émet déjà beaucoup de gazs à effet de serre. Mais une fois consumé, ces combustibles fossiles se transforment en CO2, le principal gaz à effet de serre. 

Pourtant, les scientifiques et experts sont unanimes : pour espérer rester sous les 1,5°C de réchauffement, il ne faut pas créer de nouvelles infrastructures. Le « budget carbone », la quantité de gaz à effet de serre maximale, est déjà dépassée si on utilise les réserves existantes.

Les banques n’ont-elles jamais entendu parler du changement climatique ? Si, la plupart ont même adopté des politiques climatiques, mais malgré cela, quasiment aucune ne respecte vraiment le consensus scientifique sur le sujet du climat. Seule une des 60 plus grosses banques mondiales a cessé de soutenir l’industrie fossile en cohérence avec sa nouvelle politique : la Banque Postale en France.

Dans le top 10 des pires banques, on retrouve principalement des banques états-uniennes, mais également canadiennes, japonaises, une anglaise et une française.

Concrètement, qu’est-ce que ça veut dire ? Le projet EACop, porté par Total Energies avec l’entreprise chinoise CNOOC, est une bombe climatique : les forages, le plus long pipeline chauffé du monde qui va transporter le carburant de l’Ouganda jusqu’à l’océan indien en traversant la Tanzanie, représentent une « bombe climatique », une quantité de gaz à effet de serre incompatible avec avenir climatique respectueux pour la vie humaine à venir. 

Pour mettre en œuvre ce projet, les deux entreprises ont besoin d’argent, avancé par les banques, ou par leur intermédiaire. Le projet ne verra pas le jour si les banques ne soutiennent pas, tout comme les assurances, le projet.  

En tant que catholique, nous ne pouvons pas laisser la Création souffrir dans l’indifférence. Nous avons des moyens de faire comprendre aux acteurs financiers qu’ils ne peuvent pas continuer comme avant, comme si nous ne savions pas qu’il faut laisser les combustibles fossiles dans le sol et mener une transition la plus rapide possible vers des systèmes énergétiques respectueux du climat.

Pour les institutions catholiques, propriétaires de placements financiers, il est urgent de s’engager à ne plus investir dans les industries fossiles. S’engager à désinvestir

Pour toutes les personnes et institutions catholiques, il est aussi possible de se tourner vers les banques qui financent les solutions plutôt que la destruction. En tout cas, en tant que client, interpellez votre banque : il faut cela s’arrête. Déplacer votre argent