Pour célébrer la Journée mondiale de la justice sociale, Mireille D. Church, du Bureau de la protection de la création et de l’environnement de l’archidiocèse d’Ottawa, se joint à nous dans la section Gardiens de la Terre, afin de nous aider à comprendre comment la justice sociale et la protection de la création se rejoignent.

Mireille D. Church

En 2020, 82,4 millions de personnes ont été déplacées dans le monde en raison des persécutions, des conflits et de la violence. 

Pourquoi tant de personnes sont-elles forcées de quitter l’endroit où elles sont nées, où elles vivent et travaillent ?

Nous savons maintenant que le changement climatique multiplie les menaces : en raison de la désertification, des sécheresses et des inondations dues au réchauffement de la planète, en raison de la diminution de l’offre et de l’accès aux terres et aux ressources naturelles, telles que l’eau, en raison de la perte de biodiversité et d’habitat, entraînant le déplacement des populations de poissons et d’animaux nécessaires à la survie des humains, les conflits armés et le mécontentement social sont plus susceptibles d’éclater, dans le but de s’assurer la propriété de terres et de ressources précieuses disponibles en quantité limitée, et davantage de personnes décident de partir pour s’installer sur des terres plus fertiles, obtenir des emplois plus accessibles, des conditions de vie plus paisibles, etc.

Le lien entre le changement climatique, la pauvreté et le déplacement des populations a été établi. Que pouvons-nous faire pour y remédier ? Envoyer de l’argent aux ONG qui contribuent à améliorer les conditions de vie dans les camps de réfugiés ne suffit pas ! Comment pouvons-nous dormir la nuit en sachant que des êtres humains ont tout juste de quoi s’abriter, ne disposent pas de leur intimité, n’ont pas accès à une salle de bain, à une éducation régulière ou à des services que nous tenons pour acquis ici, au Canada.

C’est cette image qui a incité le Pape François à se pencher sur le sujet plus en profondeur. Il a invité quatre jeunes de différents continents à parler de leur expérience personnelle, confrontés au changement climatique et à ses conséquences sur leur communauté. Cette expérience a été immortalisée dans le film La Lettre, sorti il y a quelques mois.

Après avoir rencontré ces jeunes et les avoir véritablement écoutés, le Pape François a décidé d’agir… Il a appelé l’humanité tout entière à prêter attention au cri des pauvres et au cri de la terre qui se lamente et affecte notre expérience humaine sur terre.

Il a écrit une lettre encyclique, habituellement destinée au public catholique seulement. Cette fois, il a adressé cette lettre à tous les croyants et non-croyants, comme une invitation, et a rendu hommage à la communauté scientifique internationale et aux peuples autochtones du monde entier, qui tirent la sonnette d’alarme et proposent une nouvelle façon de faire les choses. Les jeunes demandent leur attention aux dirigeants du monde entier.

C’est là que se rejoignent la justice sociale et la sauvegarde de la Création. Si les pays riches consomment moins, il y aura davantage de ressources à partager, et moins de déchets et de gaspillage. L’impact des gaz à effet de serre sera moindre, évitant d’aggraver la situation. Grâce à ces rencontres et au dialogue entre le Pape et ces jeunes, la lettre encyclique publiée en 2015, intitulée Laudato Si, a pris vie : en signe de reconnaissance au Créateur pour notre maison commune, nous rappelant que prendre soin de la terre et des autres est notre responsabilité personnelle et collective.

Toute notre attention porte maintenant vers le fait d’écouter le cri de la terre et le cri des pauvres. Les deux sont intimement liés. Nous ne pouvons pas faire preuve de justice et de générosité envers les pauvres sans rétablir un équilibre dans notre manière d’utiliser les richesses de la terre. En mettant des limites à la frénésie des consommateurs qui achètent en excès, stockent et accumulent à l’abri des regards ce qui devrait revenir aux autres de façon légitime. Cette situation me rappelle la violence des films Hunger Games, dans lesquels les riches profitent du spectacle pendant qu’ils exploitent et observent la lutte des pauvres pour leur survie, et je me demande s’il ne s’agit que d’une fiction.

À propos de Mireille D. Church : Lorsque Mireille a quitté Montréal, où elle est née et a grandi, pour s’installer à Ottawa une fois adulte, elle a été séduite par les innombrables espaces verts et la proximité des cours d’eau. Grande amatrice des activités en plein air et membre active de sa communauté catholique, elle se sert de sa formation en ressources humaines et en éducation pour soutenir les jeunes, promouvoir l’amour de la Création et vivre l’appel de Laudato Si au quotidien. Elle est actuellement responsable du ministère pour la sauvegarde de la Création de l’archidiocèse d’Ottawa-Cornwall, en Ontario, et enseigne à l’Université d’Ottawa à la faculté d’éducation.