La COP 27, présentée comme étant la COP ayant réuni le plus de personnes, a rassemblé plus de 35 000 délégués venant du monde entier, de la société civile aux gouvernements, en passant par les institutions religieuses et l’industrie des énergies fossiles. Comble de l’ironie, l’entreprise Coca-Cola était l’un des sponsors de cette COP, sachant que cette multinationale est responsable de près de la moitié de la pollution plastique mondiale, et un “soda” gratuit était donc offert à tout le monde, ou du moins à ceux qui souhaitaient en boire.

Il y a quelques jours, un de mes amis m’a demandé si participer aux grandes conférences des Nations Unies ou aux COP valait la peine. Un autre collègue, dans un autre espace, a rétorqué que les COP et les grandes conférences des Nations Unies sont une perte de temps, que rien de bon n’en ressort ! Peut-être que, parmi les 35 000 personnes qui ont participé à la COP 27 en Égypte cette année, d’autres ont eu le même sentiment ou que les espoirs de certains ont été déçus. 

Le dialogue est le plus grand cadeau dont l’humanité puisse se servir pour résoudre les nombreuses situations où les relations sont dans l’impasse : les guerres, le changement climatique, l’instabilité politique, les inégalités mondiales, entre autres. En fait, un dialogue que l’on engage avec le cœur pur et ouvert, sans cupidité humaine cachée ni attentes égoïstes, permettra toujours d’atteindre des objectifs dont les effets bénéfiques seront considérables pour l’humanité et pour notre maison commune toute entière. Le dialogue est, sera et devrait être le seul moyen de résoudre le conflit entre la Russie et l’Ukraine, le conflit dans la région du Tigré en Éthiopie, la détresse des réfugiés du Mozambique ou les désaccords sur le changement climatique. 

Dans son encyclique Laudato Si’, qui porte sur la sauvegarde de notre maison commune, le Pape François déclare que “l’Église catholique est ouverte au dialogue avec la pensée philosophique, et cela lui permet de produire diverses synthèses entre foi et raison”. #LS63. 

En tant que membres de l’équipe représentant le Mouvement Laudato Si’ à la COP 27, nous avons pu participer à différents types de dialogues avec d’autres personnes, par exemple par le biais de conversations individuelles avec plusieurs délégués qui ont visité nos deux stands officiels dans la Zone bleue, en participant et en organisant des événements en parallèle, en rejoignant des personnes d’autres confessions lors de processions pacifiques, en étant invité en tant qu’intervenant lors de réunions de haut niveau, en se servant des nouveaux médias pour la communication, entre autres.

La Zone d’innovation climatique a été l’un des espaces où le Mouvement Laudato Si’ a organisé un débat ouvert au public en s’appuyant sur une projection du film “La Lettre”, en mettant l’accent sur l’histoire du protagoniste sénégalais, Arouna Kande, et sur un événement qui a changé sa vie, à savoir sa rencontre avec le Pape François et les autres protagonistes venant du monde entier. Parmi les intervenants lors de cette projection, il y avait un meneur de la jeunesse ougandaise, Innocent Odongo, qui est maintenant secrétaire général et dirigeant du Mouvement international des jeunes étudiants catholiques (International Young Catholic Students Movement, IYSC), avec à ses côtés Collins Lungu, qui dirige le Chapitre zambien du Mouvement Laudato Si’, et qui est également le dirigeant et coordinateur national du Réseau environnemental de la jeunesse en Zambie (Zambia Youth Environmental Network).

Dans sa réflexion et sa présentation finale, Innocent Odongo a réitéré que le changement climatique a un impact différent sur chacun d’entre nous, que nous venions des pays du Nord ou du Sud, et que ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’un dialogue ouvert pour résoudre les questions les plus pressantes concernant les pertes et dommages. Dans son intervention, Collins Lungu a également appelé à un déploiement rapide des financements climatiques qui amélioreraient considérablement la situation déjà critique de la communauté agricole d’où il est originaire en Zambie.

Lors d’autres échanges au cours des négociations officielles, les défenseurs du climat et les OSC ont parfois gagné, parfois perdu. Un gain notable qui mérite d’être mentionné, et qui fait écho à l’histoire du protagoniste sénégalais de “La Lettre”, est l’ajout d’une “clause sur les pertes et dommages”, parmi  d’autres aboutissements. L’ajout de cette clause sur les pertes et dommages dans le texte final de la COP 27 est d’une grande importance pour les pays du Sud, en particulier pour les Africains, qui ont subi et continuent de subir les conséquences du changement climatique alors que ce sont eux qui en sont le moins responsables. Comme l’ont répété nos deux intervenants, Innocent Odongo et Collins Lungu, la majorité des Africains vit quotidiennement en dessous du seuil de pauvreté après avoir subi des sécheresses et des inondations cycliques à répétition, des événements dont l’origine est attribuée au changement climatique. 

Le texte sur les pertes et dommages est peut-être vide, sans orientations claires ni obligations à tenir de la part de l’Occident et des nations développées, mais grâce à un dialogue continu, à cœur ouvert, nous y parviendrons. C’est ainsi qu’est et devrait être notre noblesse en tant qu’êtres humains, les possibilités étant infinies lorsque nous nous ouvrons les uns aux autres, comme le résume le pape François dans Laudato Si’ : “l’ouverture à un “tu” capable de connaître, d’aimer, et de dialoguer continue d’être la grande noblesse de la personne humaine.” #LS119

Prince Papa